Les trois fenêtres, une tâche inaugurale de psychothérapie par l’art-thérapie

Habiter c’est être de quelque part. Du territoire familier à la chambre, les périmètres de nos enveloppes soutiennent notre psychisme comme des vêtements ou des peaux aux différentes fonctions (Anzieu, 1995). La fenêtre fait trouée de la paroi donnant à voir la solide épaisseur de celle-ci, laissant entrer le paysage, la lumière du jour et ses changements. Elle se joue des bruits, du froid, elle gère l’exposition de notre intimité.

D’une architecture à l’autre, la fenêtre va devenir meurtrière de défense (Botta, 1986), encadrement du paysage (Le Corbusier,1931) ou simple protection au vent de l’alentour (Mies van der Rohe, 1951).

Tissant ensemble l’architecture et la clinique, je propose un bricolage-thérapie avec les outils de l’ère pré-informatique : calque, découpe, plans, maquettes, autour du thème de l’habitat. Au cours d’une séance avec des adolescents hospitalisés, l’un d’eux m’a proposé de modifier par découpage/collage le paysage vu à travers la fenêtre d’une photographie. À partir de cette situation, j’ai présenté cette tâche à divers publics, et en particulier, à mes patients adultes en cabinet de ville. L’exercice s’est modifié et est devenu la première séquence d’atelier :

Parmi une trentaine de photographies d’intérieur dont la fenêtre (ou l’ouverture) est évidée, en choisir trois, puis y placer un paysage. C’est une invitation à regarder ce qui fait nostalgie, espoir, envie … alors, à partir de ces collages, le sujet se projette vers un passé, un présent et/ou un avenir.