Les tournants de l’inattendu

On l’attendait débile et le voilà profond. Les fleurs qu’il dessine ont le prénom de sa gardienne. Il regarde l’infirmière distraite : 

« Petite Lune vient chercher ton ami Pierrot.

– Mais tu parles ! »

Lui comme les autres étaient parqués dans les sous-sols de l’hôpital des enfants fous.

Et cet interne, un colosse roumain, qui berçait Maïla tout droit venue d’un orphelinat de guerre. On disait qu’elle n’allait pas survivre, on s’y attendait. Pourtant, depuis qu’il lui fredonnait des airs de là-bas, la serrant contre sa poitrine, elle voulait bien boire un peu de soupe.

Le dimanche soir, on se disait que l’on n’y retournerait plus. On était venus comme éducateurs, mais on ne servait à rien. Pourtant, on est tous restés. On s’attache à l’inattendu des petits instants qui restent, on finit par les aimer, surtout quand on ne s’attend plus à rien.

Ces enfants fous avaient-ils compris qu’il fallait nous surprendre pour qu’on ne les laisse pas tomber ?

Quelques-uns de nos tournants inattendus de l’époque seront ici partagés.

Auteur
Jean-Pierre Royol †
psychologue, directeur de PROFAC
Référence
RA018-22
L’Inattendu
Journées de Printemps 2022
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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