L’inattendu, un inconnu retrouvé

Sous l’effet déformant d’une privation souvent mythique, vécue comme un déterminisme, l’individu se refuse en quelque sorte à lui-même, à sa possibilité d’habiter le monde qui l’entoure, d’être présent à ce monde.

Cette présence au monde, où le « Je » et le « Nous » s’affirment comme un double, impératif et complémentaire, est une présence continue à ce qui est discontinu dans notre vie. Dans ces moments de présence à soi et aux autres, l’individu n’agit pas : il est agi. L’action est alors portée par le désir et la sagesse du corps, par une sorte de surabondance intérieure souvent inattendue.

L’individu peut alors jouir de ses impressions, de ses rêveries, de ses représentations mentales, de ses intuitions, de ses élans, sans se sentir menacé de disparaître avec chacun d’eux. Il survit à l’éphémère. Et cette assurance d’exister, par-delà et au-dessus de tout cela, lui fait ressentir chaque expérience avec un ressenti plus profond et, surtout, lui fait accepter la mouvance de son vécu. L’individu opère en quelque sorte un phénomène de réconciliation avec soi, son passé, son avenir, en même temps que surgit la prise de conscience, ou encore la conviction, qu’il n’est pas vide, qu’il a des choses à dire et, surtout, à transmettre.

On s’étonne de cet état où la force de vivre et d’être agi est présence heureuse, abandon à l’action qui se fait dans la pleine confiance. On cherche à mettre des mots derrière ce ressenti : insoupçonné, incroyable, déroutant, inespéré… inattendu.

Et si simplement la réponse était dans cette capacité pour l’individu remis en situation d’expression, de création et de transmission, de se reconnecter à nouveau avec sa capabilité première et originelle… son inconnu retrouvé.