L’inattendu, une chose qui pense ?

Qu’est-ce que l’inattendu, si ce n’est sa définition, tout du moins sa perception ? L’inattendu étant du côté de la phénoménologie, il s’agirait alors de décrire ce qui advient au-devant de nous. Car il s’agit toujours soit d’un acte, soit d’un événement. Mais, au-delà de ce principe phénoménologique, comment saisir ce qui advient dans l’inattendu ? Il y aurait comme un renversement d’antériorité de la pensée. Ce qui est inattendu est pensé avant nous, la chose surgissante est pensée, elle pense. Elle pense et nous invite en miroir à penser sa chose. La chose s’apparenterait à la Chose en soi de Kant, socle indéfinissable du phénomène et, parallèlement, également à la Chose lacanienne.

De quelle manière la chose peut-elle penser avant que nous la pensions ? Le champ scopique n’est point uniquement un champ de représentation. La chose nous regarde, et ce regard est d’autant plus fort et immédiat, inattendu, lorsque les deux regards en miroir s’accommodent premièrement d’une conformité ou d’un accordage du champ scopique.

L’art-thérapie, le mot même pour lequel en France le trait d’union est présent, aurait-il une valeur d’inattendu ? La chose Art, inattendue dans sa projection, est-elle déjà concevante avant la fonction thérapeutique ? La fonction de l’art-thérapie est essentiellement de considérer l’inattendu, non comme une surprise, mais comme langage de la chose qui pense avant nous, qui se présente, car elle a à dire du sujet du patient hors toute forme englobante.

Auteur
Olivier Saint-Pierre
art-thérapeute, directeur de Schème, peintre, sculpteur
scheme@artherapielyon.fr
Référence
RA018-23
L’Inattendu
Journées de Printemps 2022
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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