La démesure, c’est la bouche dévorante qui engloutit, le corps avec elle. La mesure, c’est la voix.
D’un côté, la bouche ou l’illimité ; de l’autre, la voix ou la limite, y compris quand ça crie. L’illimité, c’est quand c’est tu – du verbe « taire », à proximité du verbe « tuer ». La limite, c’est quand la voix émerge. Autant dire qu’une écoute s’est nouée.
L’oralité se conjugue à cette intersection première : le manger et le parler. La bouche, c’est le manger sans le parler. La voix, c’est le parler à sa naissance, et la position d’une subjectivité. Mettre la bouche en voix, c’est trouver cette limite qui contient le corps et ouvre la bouche à sa respiration, à son souffle, à autre chose que la dévoration. De cette limite, peu en parlent. Les écrits de Denis Vasse, dans quelques passages de L’Ombilic et la Voix, en indiquent la précieuse direction.
L’expérience de la voix comme nouage entre démesure et mesure, entre l’illimité et la limite, tel sera notre sujet. Ce dernier reprend la question de l’expression en l’envisageant autrement que comme extériorisation d’une intériorité ou d’une subjectivité qui en serait la condition, ou le préalable. Mettre la bouche en voix, c’est exprimer ce qui ne se sait pas.
Auteur |
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Anne Boissière Professeure, université de Lille, Esthétique et philosophique de l’art boissiere.anne@gmail.com |
Référence |
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RA019-17 Mesure Démesure Journées d’Automne 2022 |
Catégories |
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art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
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Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
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